1 Contexte de l’étude
Les tourbières sont des réservoirs de carbone fonctionnant assez lentement. Elles couvrent 3 % de la surface terrestre mais contiennent pourtant autant de carbone que l'ensemble de la végétation de la planète. Elles jouent un rôle majeur dans la régulation du climat mondial. Leur dégradation suite aux drainages, aux incendies ou à d'autres menaces les transforment en sources de carbone capables de libérer en quelques dizaines d'années le carbone stocké pendant des millénaires (CongoPeat, 2018 ; FAO, 2020).
Les tourbières tropicales fournissent de nombreux services écosystémiques. Elles jouent notamment le rôle de grands réservoirs de carbone organique qui, s'ils ne sont pas bien gérés, peuvent libérer des Gaz à Effet de Serre (GES) sous forme de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4), accélérant ainsi le réchauffement climatique (Murdiyarso et al., 2019). Les stocks de carbone (C) dans les écosystèmes de tourbières tropicales peuvent atteindre 3 000 Mg C ha-1, mais le taux de perte est également phénoménal, entraînant des émissions substantielles de GES de plus de 20 Mg C ha-1 an-1. Ces pertes ont principalement eu lieu en Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, où l'exploitation des tourbières pour le palmier à huile et le bois de pulpe s'est accélérée au cours des dernières décennies (Murdiyarso et al., 2019).
Sous les tropiques, l'une des principales utilisations des terres est la conversion des forêts marécageuses tourbeuses (FMP) en d'autres usages, principalement des plantations de palmiers à huile et d'arbres à croissance rapide. Possédant de grandes quantités de carbone organique (Dargie et al., 2017), ces écosystèmes de zones humides vulnérables sont devenus une source majeure de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique. Bien que la découverte des tourbières de la Cuvette Centrale soit récente, elle a déjà de fortes répercussions sur les politiques liées au climat et à la conservation dans la région. Malgré l’importance de ces tourbières dans le maintien de la biosphère, une politique claire et détaillée de leur gestion reste à définir pour garantir et éviter la dégradation de ces écosystèmes et de leurs services écosystémiques.
Comme tous les écosystèmes forestiers, les tourbières ne sont pas épargnées par les menaces liées aux activités anthropiques, notamment l’exploitation forestière artisanale, l’agriculture itinérante sur brûlis, la pêche par écopage, l’aménagement des infrastructures, etc. D’où la nécessité d’approfondir les études liées à la gestion durable des tourbières.
La République Démocratique du Congo (RDC) est le premier pays partenaire de la coopération gouvernementale Belge. Le programme actuel de coopération Belgo-Congolais s’aligne sur les priorités de développement de la RDC. Pour le compte du FONAREDD (Fonds National REDD), Enabel met en œuvre un projet qui s’inscrit dans la stratégie nationale REDD+ et vise à réduire l’impact des activités anthropiques sur la forêt ainsi qu’à améliorer les conditions de vie des habitants dans la Province de la Mongala. Cette province à vocation agropastorale a de grandes potentialités énergétiques la positionnant en ordre utile dans la vie socio-économique du pays. Dans cette province se localise également une partie des tourbières de la RDC. Ces tourbières jouent un grand rôle en matière de régulation du climat mondial et fournissent de nombreux services écosystémiques aux populations. Leur valorisation de façon durable nécessite une bonne connaissance de cet écosystème fragile. C’est dans ce cadre que le PIREDD Mongala a initié une étude sur les tourbières de la province et les possibilités de leur valorisation. Enabel a chargé l’Observatoire Satellital des Forêts d’Afrique Centrale (OSFAC) de réaliser l’étude sur les tourbières pour le projet PIREDD-Mo/RDC.
2 Objectifs de l’étude
L’objectif général de cette étude est « d’analyser la faisabilité pour Enabel et ses partenaires de promouvoir les valeurs sociales, économiques et environnementales des tourbières avec un accent particulier sur la possibilité de développer la riziculture de bas-fond/irriguée sans dégrader ou impacter défavorablement la capacité des tourbières à stocker le carbone. »
Les objectifs spécifiques sont les suivants :